Né en 1981, diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2008, Michel Perot vit et travaille à Colombes dans la banlieue parisienne qui est le sujet récurrent de son travail. Ses peintures comme ses grandes aquarelles en grisaille sont effet hantées par le décor urbain propre aux banlieues. Nul misérabilisme ici, ni sentimentalisme niais, mais une attention sensible, empreinte d’une légère mélancolie, pour ces périphéries dépréciées. Un rond-point fleuri, les abords engazonnés d’une bretelle d’autoroute, une rue déserte bordée de logements des années 1970, ponctués des ronds des antennes paraboliques, la haie qui longe une médiathèque, un modeste pavillon standard à peine posé sur sa parcelle ou des vues des sites ferroviaires qui sillonnent l’Île-de-France lui suffisent pour développer son idée singulière du paysage contemporain. Il est en effet rare de voir en peinture un projet de représentation de sujets aussi prosaïques, aussi dénués d’attrait, aussi banalement quotidiens, dans un esprit délibérement non-critique mais au contraire soucieux de redonner dignité et beauté à ce qui n’est pas réputé en détenir. C’est l’enjeu moral et esthétique de ce travail pictural centré sur ce qui forme le commun de celles et ceux qui ne sont ni les damnés ni les gagnants de notre monde.

Christian Bernard, Directeur du festival Le Printemps de Septembre