Au cours des treize dernières années, Michel Perot a successivement utilisé différents médiums : la peinture à l’huile, l’aquarelle, le roller pilot, la craie noire ou comme ici le fusain.

Il s’avère rompu à l’art du grand format. Entre trois et quatre heures par jour de traits tracés au fusain et à même le mur. Pure exaltation. L’énergie, l’intensité, la concentration, le »tout donner » ont raison des prudences et libèrent le geste. L’urgence dépouille et rend le trait plus lisible et plus lisse.

Aux antipodes d’une nature élégiaque, Michel Perot affectionne les paysages d’indécision et de rupture où l’urbain rivalise d’audace et d’incohérence avec une nature au caractère anarchique, envahissant et forcené. Il aime à s’immiscer dans l’univers fractal du végétal, dans son enchevêtrement et son tissage serré. Les matériaux vivants se mêlent aux matériaux inertes, sans heurt, avec beauté même. Le mur s’inscrit souvent dans le panorama. Personnage principal, il est qualifié « d’insaisissable, d’épouvantable et de magique ».

Le centre Tignous lui offre une immense page blanche, Michel Perot rêve pour elle d’un dessin qui aurait la vitalité du gribouillage.

Stéphanie Le Follic-Hadida, commisaire de l’exposition Terrain vague